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Les expositions de peintures surgissent dans tous les quartiers de Paris. Au Parc des expositions les surindépendants, que préside M. Mendès-France, ont organisé leur quinzième Salon et inscrit à leur catalogue près de onze cents œuvres nouvelles. Pour justifier leur titre les membres de cette société, qui fonctionne elle aussi sans jury d’aucune sorte, s’interdisent de participer à d’autres manifestations du mime genre. C’est ici, parmi eux, qu’on peut le mieux se rendre compte de l’incertitude de l’art contemporain à la recherche de règles… qui se dérobent. Notre société malade et défaillante se reflète dans ces toiles abstraites, surréalistes, expressionnistes, néo-impressionnistes, figuratives, populaires. Tout ce qui est couleur et rythme trouve asile ici dans un tohu-bohu où l’on peine à se reconnaître. Qu’au hasard on s’interroge devant les paysages de Roger Brielle qui doucement glisse du rêve vers la réalité, devant les sites créés par l’imagination constructive de Mme Chera, devant une grave nature morte tracée dans la distinction des gris par Mme Pagava, devant dix, quinze, vingt tableaux peut-être dont l’intérêt n’est pas niable, n’empêche qu’aucune certitude, aucun enthousiasme ne résultent d’une visite assez décevante.

Faut-il alors chercher refuge parmi les petites expositions dans les diverses galeries ? En général ce qu’on y rencontre n’est pas mauvais, mais pire : c’est banal. On trouve au long des diverses cimaises mêmes assemblages de couleurs. Pareille règle est en général appliquée, mais peu d’originalité, peu d’élan ou d’enthousiasme chez les nouveaux venus. Notons cependant des toiles de Mme Hélène Seymiri (1) : des contrastes dans une certitude audacieuse, tour à tour brutale ou caressante, charmante, agaçante : un art incomplet avec de belles couleurs et des sujets dictés par beaucoup de souvenirs. Mais en tout ce sont des artistes connus que l’on rencontre avec le plus de plaisir : ici M. Eugène Corneau, qui apporte la douceur expressive des petits villages et des marines sous les ciels gris dans ses tableaux de modestie et de tendresse amoureuse (2) ; M. Cavaillis qui, conservant ses dons de coloriste, évolue vers plus de vibrations lumineuses (3) ; M. G. H. Sabbagh, qui reprend heureusement place parmi nous et apporte des tableaux dans une technique souple et riche, exprime sa joie et son allégresse profonde de retrouver les paysages de France, sa patrie d’adoption (4).

Puis ce sont les morts : Loutreuil, trop oublié. Ses aquarelles ; ses dessins réunis dans une galerie montrent que l’admiration gardée pour lui par ceux qui connaissent son œuvre est justifiée (5) ; Louis Marcoussis, qui fut de la période héroïque du cubisme montmartrois 96) ; Jean-Paul Dubray, qui fut un de nos maîtres graveurs (7). Rendons hommage à ceux-ci :leur œuvre est venue s’ajouter à notre patrimoine.

Et voici des peintres étrangers. L’office d’information du gouvernement chinois présente quatre peintres qui vivent parmi nous : Mmes Pan Yu Lin, Siao Lin Cho, MM. San Yu et Zao You Ki (8). D’autre part Mme Marthe Lydis montre d’élégantes eaux-fortes destinées à illustrer Baudelaire (9). Et beaucoup d’exposants encore s’échelonnent de Notre-Dame à l’Etoile !

(1) 37, avenue de Friedland.
(2) 140, boulevard Haussmann.
(3) 26, avenue Matignon.
(4) 69, faubourg Saint-Honoré.
(5) 15, avenue de Messine.
(6) 47, faubourg Saint-Honoré.
(7) 73 bis, quai d’Orsay.
(8) 26, place Saint-Georges.
(S) 145, boulevard Saint-Germain.

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